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Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/197

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t4o DU CONTRAT SOCIAL. ternes; il faut qu’un gouvernement populaire ait un chef. Ainsi, dans le partage de la puissance executive, il y a toujours gradation du grand nombre au moindre, avec cette tout Etat qui brille est sur son déclin. J’ai de mon opinion des raisons plus particuliéres que cette maxime ; mais il n’est pas A propos de les dire, et chacun' ne les voit que trop. " R. Emile, liv. V. - Si nous étions rois et sages, le premier bien que nous voudrions faire a nous-memes et aux autres serait d’abdiquer la royauté et de redevenir ce que nous sommes. R. Id., Lettre ei d’AIembert. — Qu’un monarque gouverne des hommes ou des femmes, cela lui doit etre assez indifferent, pourvu qu‘il soit obéi; mais dans une république, il faut des hommes. R. Discours des sciences et des arts. — Mais tant que la puissance sera seule d’un coté, les lumiéres de la sagesse seules d’un autre, les savants penseront rarement de grandes choses, les princes en feront plus rarement de belles et les peuples continueront d’etre vils, corrompus et malheu— reux. R. Constdérations sur le gouvemement de Pologne, chap. 1. — Le repos et la liberté me paraissent incompatibles; il faut opter. — Qu’il soit aisé, si l’on veut, de faire de meilleures lois; il est impossible d’en faire dont les passions des hommes n'abusent pas comme ils ont abusé des premieres. Prévoir et peser tous ces abus a venir est peut-etre une chose impossible a l’homme d’Etat le plus consommé. Mettre la loi au-dessus de l'homme est un probléme en politique que je compare a celui de la quadrature du cercle en géométrie.Résolvez bien ce probleme et le gouvernement fondé sur cette situation sera bon et sans abus.Mais iusque-la, soyez sur, qu’ou vous croi- rez faire régner les lois ce seront les hommes qui régneront. R. Polysynodie. — Qu’on juge du danger d’émouvoir une fois les masses énormes qui composent la monarchie francaise!Qui pourra retenir l’ébran- lement donné ou prévoir tous les effets qu‘il peut produire? Quand tous les avantages du nouveau plan seraient incontestables, quel homme de sens oserait entreprendre d‘abolir les vieilles coutumes ou changer les vieilles maximes et de donner une autre forme it l’Etat que celle ou l’a suc- cessivement amené une durée de treize cents ans? Que le gouvernement actuel soit encore celui d‘autrefois, ou que, durant tant de siecles, il cut changé de nature insensiblement, il est également imprudent d'y toucher. Si c’est le méme, il faut le respecter; s’il a dégénéré, c’est par la force du temps et des choses, et la sagesse humaine n’y peut rien. Il ne suffit pas de considérer les moyens qu’on veut employer, si l’on ne regarde encore les hommes dont on se veut servir. Or, quand toute une nation ne sait plus s’occuper que de niaiseries, quelle attention peut-elle donner aux_grandes choses? Et dans un pays ou la musique est devenue une affaire d'Etat, que scront les affaires d’Etat, sinon des chansons? Quand on voit tout Paris en fermentation pour une place de baladin ou de belesprit et les affaires de l’Académie et de l’Opéra faire oublier l’intéret du prince et la gloire de la nation, que doit-on espérer des affaires publiques rapprochées d’un tel peuple et transportées de la cour a la ville? D’A¤.zxmmr, Eloge de l’abbé de Saint-Pierre. — L’abbé de Saint-