Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

I44 DU CONTRAT SOCIAL. moins d’autorité sur les sujets, et leur division les rend t0.1t€S ensemble 1'I10lI1s fOI‘t€S COI1tI`€ le sO.1V€I‘al¤. On prévient encore le meme inconvénient en établissant des magistrats intermédiaires (1), qui, laissant le gouverne— ment CII SOD Cutler, S€l'V€I1t S€.1l€m<-mt A bala¤C€1‘ les deux puissances et A maintenir leurs droits respectifs. Alors le gouvernement n’est pas mixte, il est tempéré (2). On peut remédier par des moyens semblables A l`incon- (1) Moriresoursu, Esprit des Lois, liv. II, chap. rv. — Les pouvoirs inter- médiaires subordonnés et dépendants constituent la nature du gouverne- ment monarchique, c’est-A-dire de celui ou un seul gouverne par des lois fondamentales. Le pouvoir intermédiaire subordonné le plus naturel est celui de la noblesse... Abolissez donc dans une monarchic les prerogatives des seigneurs, du clergé, de’la noblesse et des villes, vous aurez bientot un Etat populaire ou bien un Etat despotique. Autant que le pouvoir du clergé est dangereux dans une république, autant est-il convenable dans une monarchie, surtout dans celles qui vont au despotisme. Ou en seraient l’Espagne et le Portugal depuis la perte de Ieurs lois sans ce pouvoir qui arrete seul la puissance arbitraire; barriere touiours bonne lorsqu°il n’y a point d’autre, car comme le despotisme cause A la nature humaine des- maux effroyables, le mal meme qui le limite est un bien... Les Anglais, pour favoriser la liberté, ont été toutes les puissances inter médiaires qui formaient leur monarchic. Ils ont bien raison de conserver cette liberté; s’ils venaient A Ia perdre, ils seraient un des peuples les plus esclaves de la terre. (2) Purox, Des Lois, liv. ll. — On ne doit jamais établir d’autorité trop puissante et qui ne soit point tempérée... Arusrors, Politique, liv. VIII, chap. 1.- (Les revolutions) tantot s’atta· quent au principe méme du gouvernement, ann de remplacer la constitution existante par une autre, substituant par exemple l’oligarchie A la démocratie ou réciproquement... tantot la révolution, au lieu de s‘adresser A la consti- tution en vigueur, la garde telle qu’elle la trouve; mais les vainqueurs pré- tendent gouverner personnellement en observant cette constitution , et les révolutions de ce genre sont surtout fréquentes dans les Etats oligar- chiques et monarchiques. Parfois la révolution renforce ou amoindrit un principe. Ainsi 1’oligarchie existant, la révolution l’emporte ou la restreint; de méme pour la démocratie qu’elIe fortitie ou qu’elle atI`aiblit... Le plus sage est de combiner ensemble et l’égalité suivant le nombre et l’égalité suivant le mérite. Quoi qu’il en soit, la démocratie est plus stable et moins sujette aux bouleversements que l’oligarchie. Dans les gouverne- ments oligarchiques l‘insurrection peut naitre de deux cotés : de la minorité qui s’insurge contre elle-meme ou contre le peuple; dans les démocraties elle n’a que la minorité oligarchique A combattre. Moxrxsquizu, Esprit dcs_Lois, liv. XI, chap. tv. ·— La démocratie et l’ari· stocratie ne sont point des Etats libres par leur nature; la liberté politique