Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/200

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d'un gouvernement mixte ? Q.1€StIO¤ fOl't agitéé chez les politiques (1), et a laquelle il faut faire la méme réponse que j’ai faite ci-devant sur toute forme de gouvernement.

Le gouvernement simple est le meilleur ED SOI, pal` cela seul qu’il est simple. Mais quand la puissance exécutive ne dépend pas assez de la législative, c’est-it-dire quand il y a plus de rapport du prince au souverain que du p€l1pl€ au prince, il faut remédier it ce défaut de proportion en divisant le gouvernement Z, Cat 3lOI`S toutes ses parties I1°O¤t pas

chesses ou les honneurs, mais s‘ils étaient confondus parmi le peuple et s’ils n’y avaient qu’une voix comme les autres, la liberté commune serait leur esclavage; et ils n’auraient aucun intérét a la défendre, parce quela plupart des résolutions seraient contre eux. La part qu'ils ont A la législation doit donc étre proportionnée aux autres avantages qu’ils ont dans l'Etat, ce qui arrivera s’ils forment un corps qui ait droit d’arreter les entreprises du peuple, comme le peuple a le droit d’arréter les leurs...

Le corps des nobles doit étre héréditaire.

La puissance exécutrice doit étre entre les mains d’un monarque, parce que cette partie du gouvernement, qui a presque touiours besoin d’une action momentanée, est mieux administrée par un que par plusieurs, au lieu que ce qui depend de la puissance législative est souvent mieux ordonné par plusieurs que par un seul; que s’il n’y avait point de monarque et que la puissance exécutrice fut confiée h un certain nombre de personnes tirées du corps législatif, il n’y aurait plus de liberté, parce que les deux puissances seraient unies, les mémes personnes ayant quelquefois, et pouvant touiours avoir part it l’une et a l’autre.

(1) ARISTOTB, Politique, liv. II,chap. 111. - Quelques auteurs prétendent qu’une constitution parfaite doit réunir les éléments de toutes les autres; c’est A ce titre qu’ils vantent celle de Lacédémone ou se trouvent combinés les trois éléments de Poligarchie, de la monarchic et de la démocratie, représcntés l'un par les rois, l’autre par les gérontes, le troisiéme par les éphores qui sortent toujours des rangs du peuple, Macmavm., Discours sur Ia 1*• Décade de Tite-Live, liv. I, p. 430. — Le hasard a donné naissance a toutes les espéces de gouvernements parmi les hommes. Les premiers habitants furent peu nombreux et vécurent pen- dant un temps dispersés a la maniere des bétes. Le genre humain venant a s'accroitre, on sentit le besoin de se réunir, de se défendre; pour mieux parvenir a ce dernier but, on choisit le plus fort, le plus courageux; les autres le mirent a leur téte et promirent de lui obéir. A l’époque ou l’on se réunit en société, on commenca a connaitre ce qui est bon et honnéte et it le distinguer d’avec ce qui est vicieux et mauvais. Les législateurs prudents ayant connu les vices de chacun de ces modes (de gouvernement) pris séparément, en ont choisi un qui participat de tous les autres et l‘ont jugé le plus solide et le plus stable. En e&`et, quand, dans la meme constitution, vous reconnaissez un prince, des grands et la puissance du peuple, chacun de ces trois pouvoirs s’observe réciproquement.