Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/205

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148 DU CONTRAT SOCIAL. et fertile donne beaucoup de produit pour peu de travail VCl.ll€I'lI etre g0l.1V€I`I'léS Il’10l’l21l'Cl'llC1l.1€II1€I'llI, pOUI` COIlSl1l'D€l' par le luxe du prince l‘exces du superilu des sujets; car il Valli mieux q�€ cet exces soit &bSOl'bé P3? le g0l1V€l`D€ITl€¤lC que dissipé par les particuliers. Il y a des exceptions, je le sais; mais ces exceptions memes confirment la regle, en ce qu’elles produisent t6t ou tard des révolutions qui rame- nent les choses dans l’ordre de la nature. Distinguons toujours les lois générales des causes par- ticulieres qui peuvent en modifier l’effet. Quand tout le Midi serait couvert de républiques, et tout le Nord d’Etats despotiques, il n’en serait pas moins vrai que, par l’effet du climat, le despotisme convient aux pays chauds, la bar- barie aux pays froids. et la bonne politie aux régions inter- médiaires (1). Je vois encore qu’en accordant le principe, on ` pourra disputer sur l’application : on pourra dire qu’il y a des pays froids tres fertiles,et des méridionaux tres ingrats. Mais cette difficulté n’en est une que pour ceux qui n’exa- de la fortune que celui de son choix, il y a pourtant dans la nature et le sol de chaque pays des qualités qui lui rendent un gouvernement plus propre qu’un autre, et chaque for-me de gouvernement a une force particuliere qui porte les peuples vers telle ou telle occupation". On voit dans la Suisse une application tres frappante de ces principes. La Suisse est en general un pays pauvre et stérile. Son gouvernement est partout républicain. Mais dans les cantons plus fertiles que les autres, tels que ceux de Berne, de Soleure et de Fribourg, le gouvernement est aris- tocratique. Dans les plus pauvres, dans ceux ou la culture est plus ingrate et demande un plus grand travail, le gouvernement est démocratique. L’Etat n’a que ce qu’il faut pour subsister sous la plus simple administration. Il s’épuiserait et périrait sous une autre. (1) A1us·1·o1·z, Politiquc, liv. IV, chap. vt. - Les peuples qui habitent les climats froids, meme dans l’Europe, sont en général pleins de courage, mais ils sont certainement inférieurs en intelligence et en industrie; aussi conservent-ils leur liberté, mais ils sont politiques indisciplinables, et n’ont jamais pu conquérir leurs voisins. En Asie, au contraire, les peuples ont plus d‘intelligence, d’aptitude pour les arts, mais ils manquent de cozur et ils restent sous le ioug d‘un esclavage perpétuel. La race grecque qui, topo- graphiquement, est intermédiaire, réunit toutes les qualités des deux 8.l(l'¢S... Dans le sein meme de la Grece, les divers peuples présentent entre eux des dissemblances analogues...