Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/209

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15: DU CONTRAT SOCIAL. concentrée : elle s’évapore et se perd en s’étendant, comme l’efl`et de la poudre éparse a terre, et qui ne prend feu que _ grain a grain. Les pays les moins peuplés sont ainsi les plus propres a la tyrannie : les bétes féroces ne regnent que . dans les déscrts (1). CHAPITRE IX DES SIGNES D’UN BON GOUVERNEMENT Quand on demande absolument quel est le meilleur gouvernement, on fait une question insoluble comme indéterminée; ou, si l’on veut, elle a autant de bonnes solutions qu’il y a de combinaisons possibles dans les posi- tions absolues et relatives des peuples. Mais si l’on demandait a quel signe on peut connaitre qu’un peuple donné est bien ou mal gouverné, ce serait autre chose, et la question de fait pourrait se résoudre. ' Cependant on ne la résout point, pafce que chacuu Veut - la résoudre a sa maniére. Les sujets vantent la tranquillité publique, les citoyens la liberté des particuliers; l’un pré- nement sur ses membres, et il s’agit ici de sa force contre les sujets. Ses membres épars lui servent de point d’appui pour agir au loin sur le peuple, mais il n’a nul point d’appui pour agir directement sur ses membres mémes. Ainsi, dans l’un des cas, la longueur du levier en fait la faiblesse, et la force dans l’autre cas. (Note du Contrat social, édition de x762.) (x) R. Projet de Constitution pour la Corse.—On sépare trop deux choses inséparables, savoir: le corps qui gouverne et le corps qui est gouverné. Ces deux corps p’en font qu’un par 1’institution primitive. lls nese sépa- rent que par l’abus de l’institution. Les plus sages, en pai-eil cas, observant des rapports de convenance, for- ment le gouvernement pour la nation. Il y a pourtsnt beaucoup mieux a faire, c’est de former la nation pour le gouvernement. Dans le premier cas, it mesure que le gouvernement décline, la nation restant la meme, la conve- nance s’évanouit. Mais dans le second tout change de pas égal, et la nation entrainant le gouvernement par sa force, le maintient quand elle se main- tient et le fait décliner quand elle décline. L’un convient a l’autre dans tous les temps. Le peuple, conservé dans l’heureux état qui rend une bonne constitution possible, peut partir du premier point et prendre des mesures pour ne pas dégénérer. L-Q; l