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Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/278

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LIVRE IV. — CHAP. VIII. 22I ligion n’est utile au corps politique( 1), et dont l’autre sou- tient, au contraire, que le christianisme en est le plus ferme appui (2). On prouverait au premier que jamais Etat ne fut C’est A la meme fin, que se rapporte le privilege d’interpréter les Ecri- tures... celui qui a une telle autorité a sans contredit un grand empire sur tous ceux qui reconnaissent les Ecritures saintes pour la vraie parole de Dieu. A cela méme tend la question touchant la puissance de remettre et de retenir les péchés ou touchant le pouvoir d‘excommunier... · D‘instituer des ordres et des sociétés, car ceux qui entrent dépendent du fondateur puisque c‘est par lui qu’ils subsistent et il a Butant de suiets qu’il y a de moines qui embrassent sa religion, puisqu’ils demeurent dans une_ république ennemie... C’est A cela que vise la question de iuger des mariages légitimes parce que celui A qui il appartient de iuger de ces mariages doit oonnaitre aussi des causes qui concernent les héritages et les successions et tous les biens et droits non seulement des particuliers mais aussi des plus grands princes... A cela meme tend en quelque facon le célibat des ecclésiastiques, car ceux qui ne sont pas lies par le mariage sont moins attachés que les autres au corps de la République. (1) Bum, Pensées diverses écritesd un docteur en Sorbonne A l’occasion de la cométe qui parut au mois de décembre 1680, 4* édition, Rotterdam, 1704, 4 vol. Tome 1•*, page 264 et tome II, page 328. — Quand on compare les mceurs d’un homme qui a une religion avec 1’idée générale qu’on se forme des moeurs de cet homme, on est tout surpris de ne trouver aucune conformité entre ces deux choses... C’est que l’homme ne se détermine pas A une certaine action plutot qu’A une autre par les connaissances générales ) qu’il a de ce qu’il doit faire, mais par le iugement particulier qu’il porte de ( chaque chose, lorsqu’il est sur le point d’agir... N’est-ce pas uniquement la , nouvelle vigueur que le Roi a donnée aux lois pour réprimer la hardiesse ‘ des filous qui nous met A couvert de leurs insultes la nuit et le jour dans E les rues de Paris? Sans cela ne serions-nous pas exposés aux memes vio- I lences que sous les autres régnes, quoique les prédicateurs et les confesseurs fassent encore mieux leur devoir qu’i1s ne le faisaient autrefois? (2) Wnnauaros, Dissertations sur l`Union de la religion, de la morale et de la politique. 2 tomes, Londres, chez Guillaume Daaxizs (I742). Pre- miére dissertation : Sur l’origine et la nature de la société civile et sur la nécessité de la religion pour en aiiermir l’établissement. - Dans l’état de nature on avait peu de choses A souhaiter, peu de désirs A combattre, mais depuis l’établissement des sociétés nos besoins ont augmenté A mesure que les arts de la vie se sont multipliés et perfectionnés; Paccroissement de nos besoins a été suivi de celui de nos désirs et graduellement de celui de nos efforts pour surmonter l’obstacle des lois. C’est cet accroissement de nouveaux arts, de nouveau: besoins, de nouveaux désirs qui a insensible- ment amorti l’esprit d’hospitalité et de générosité et qui leur a substitué celui de cupidité, de vénalité et d'avarice... Dans la constitution originaire du gouvernement civil, l’on est convenu · que la protection et l’obéissance seraient les conditions réciproqucs de ceux