Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/279

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222 DU CONTRAT SOCIAL. 1 fondé que la religion ne lui servit de base; et au second, que la loi chrétienne est au fond plus nuisible qu’utile a la forte constitution de l’Etat (1). Pour achever de me faire en- ( qui gouverneraient et de ceux qui seraient gouvernés. Lorsqu’un citoyen obéit 21 la loi, la dette que la société contracte envers lui se trouve payee par la protection qu’elle lui accorde... “ Puisque la crainte du mal et l’espérance du bien qui sont les deux grands ressorts de la nature pour déterminer les hommes, suffisent a peine pour faire observer les lois, puisque la société civile ne peut employer l‘un qu’im· parfaitement et n’est point en état de faire aucun usage de l’autre, puis· que enfzin ls religion seule p8ut réunir ces deux ressorts et les mettre en ceuvre avec la plus grande eflicacité, qu’elle seule peut infliger des peines et tou- iours certaines et touiours iustes, que l’infraction soit publique ou secrete, et que les devoirs enfreints soient en obligation parfaite ou imparfaite, puis- qu’elle seule peut apprécier le mérite de Pobéissance, pénétrer les motifs de nos actions et olfrir 21 la vertu des récompenses que la société civile ne saurait donner, il s’cnsuit évidemment que l’autorité dc la religion est de nécessité absolue pour assurer l’observation des devoirs et maintenir le gouvernement civil. L’uti1ité de la religion et en particulier du dogme des récompenses et des peines d’une autre vie a été reconnue par les ennemis de la religion. (1) Mscuutvni., Discours sur Tite-Live, liv. I, chap. 11. — Si Pattachement au culte de la divinité est le garant le plus assuré de la grandeur des répué bliques. le mépris de la religion est la cause la plus certaine de leur ruine. Malheur a l’Etat ou la crainte dc l’Etre supreme n’existe pas! Il doit périr s’il n`est maintenu par la crainte du prince meme qui supplée au défaut de la religion, et comme les princes ne regnent que le temps de la vie, il faut également que l’Etat, dont l’existence ne tient qu`& la vertu de celui qui regne, périsse promptement. Id., chap. Ill. — Les princes et les républiques qui veulent se maintenir a l’abri dc toute corruption doivent sur toutes choses conserver la religion et ses cérémonies et entretenir le respect du a leur sainteté... Tout ce qui tend a favoriser la religion doit etre accueilli, quand meme on en reconnaitrait la fausseté, et on le doit d'autant plus qu’on a plus dc sagesse et de connaissance du co:ur humain. Bossusr, Politique de Pécriture, liv. Vll, art. 2. III• Proposition. — Que si l’on demande ce qu’il faudrait dire d’un Eitat ou l’autorité publique se trouverait établie sans aucune religion, on voit d’abord qu’on n‘a pas besoin de répondre a des questions chimériques. De tels Etats ne furent iamais. Les peuples oi: il n’y a point de religion sont en meme temps sans police, sans veritable subordination et entierement sauvages. Les hommes n’étant point tenus par la conscience ne peuvent s’assurer les uns les au- tres. Dans les empires oil les historiens rapportent que les savants et les magistrats méprisent la religion et sont sans Dieu dans leur coeur, ces peuples sont conduits par d’autres principes et ils ont un culte public. " Si, néanmoins, il s’en trouvait oil le gouvernement ftlt établi encore qu’il n’y Clilf aucune religion (ce qui n’est pas et ne parait pas pouvoir etre), il y faudrait conserver le bien de la société le plus qu’il serait possible et cet état