Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/290

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LIVRE IV. - CHAP. VIII. 233 bon citoyen ni sujet fidéle (a) (1). Sans pouvoir obliger per- sonne a les croire, il peut bannir de l’Etat quiconque ne les croit pas; il peut le bannir, non comme impie, mais comme ne s’en écartera dans les tribunaux civils, sans donner dans les plus funestes abus, sans mettre l’Etat en combustion, sans faire des lois et de leur auto- rité le plus odieux brigandage. R. y• Lettre de la Montagne. — Le pouvoir législatif consiste en deux choses inséparables : faire les lois et les maintenir; c’est-21-dire avoir inspection sur le pouvoir exécutif. ll n’y a point d'Etat au monde ou le sou- verain n’ait cette inspection. Sans cela toute liaison, toute subordination manquant entre ces deux pouvoirs, le dernier ne dépendrait point de l’autre; Pexécution n’aurait aucun rapport nécessaire aux lois; la loi ne serait qu’un mot, et ce mot ne signiiierait rien. R. Emile, liv. IV. - Quant aux dogmes qui n'infiuent ni sur les actions ni sur la morale, et dont tant de gens se tourmentent, je ne m‘en mets nullement en peine. Je regarde toutes les religions particulieres comme une forme d’honorer Dieu par un culte public, et qui peuvent toutes avoir leurs raisons dans le climat, dans le gouvernement, dans le génie du peuple, ou dans quelque autre cause locale qui rend l’une préférable iz l’autre, selon les temps et les lieux. Je les crois toutes bonnes quand on y sert Dieu con- . venablement. Le culte essentiel est celui du coeur. R. Emile, liv. IV. — Osez confesser Dieu chez les philosophes; osez precher l'humanité aux intolérants. Waaauaros, Quirqiéme dissertation. — L‘Eglise peut et doit étre envi- sagée sous deux faces ou simplement comme une société religieuse et un établissement d’institution divine; et alors elle est indépendante de l’Etat; ou comme une société nationale ou un établissement d’institution humaine et alors elle est dépendante de la société civile et l’autorité supreme ou la suprématie politique dans toutes les choses relatives a l’Etat national ou l’Eglise appartient au souverain. (a) César, plaidant pour Catilina, tachait d’établir le dogme de la mor- talité de Fame; Caton et Cicéron, pour le réfuter, ne s'amusérent point it philosopher ; ils se contentérent de montrer que César parlait en mauvais citoyen, et avancait une doctrine pernicieuse a l’E;tat. En eifet, voila de quoi I devait iuger le sénat de Rome, et non d’une question de théologie. (Note du I Contrat social, édition de 1762.) ` I (1) R. Lettre d M. de Beaumont. —Pourquoi un homme a-t-il inspection I sur la croyance d’un autre? et pourquoi l’Etat a-t-il inspection sur celle des ` citoyens ? C’est parce qu‘on suppose que la croyance des hommes determine I leur morale, et que des idées qu'ils ont de la vie in venir dépend leur con- duite en celle-ci. Quand cela n’est pas, qu‘impo1·te ce qu'ils croient ou ce I qu'ils font semblant de croire? L’apparence de la religion ne sert plus qu’a les dispenser d’en avoir une. Dans la société chacun est en droit de s’informer si un autre se croit I obligé d‘étre juste, et le souverain est en droit d’examiner les raisons sur lesquelles chacun fonde cette obligation. De plus, les formes nationales doivent étre observées; c’est sur quoi i’ai beaucoup insisté. Mais, quant aux opinions qui ne tiennent point A la morale, qui n`influent en aucune maniére