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Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/337

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CHAPITRE VI


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Si l’intérét commun est l’objet de l’association, il est clair que la volonté générale doit étre la régle des actions du corps social. C’est le principe fondamental que j’ai taché d’établir. Voyons maintenaut quel doit étre l’empire de cette volonté sur les particuliers, et com- ment elle se manifeste A tous (a).

(b) [L’état ou la cité faisant une personne morale dont la vie consiste dans le concours et l’union de ses membres, le premier et le plus important de ses soins est celui de sa propre conservation, soin qui demande une force universelle et compulsive pour mouvoir et disposer chaque partie de la maniere la plus convenable au tout. Ainsi, comme la nature donne A chaque homme un pouvoir absolu sur ses membres, le pacte social donne au corps politique un pouvoir absolu sur les siens, et c’est ce méme pouvoir dont l’exercice dirigé par la volonté générale porte, comme ie l’ai dit, le nom de souveraineté.

Mais comme, outre la personne publique, nous avons A considérer les personnes privées qui la composent, et dont la vie et l’existence est naturellement indépendante de la sienne, cette matiere demande quelque discussion.

Tout consiste A bien distinguer les droits que le souverain a sur les citoyens de ceux qu’il doit respecter en eux et les devoirs qu’ils ont A remplir en qualité de sujets du droit naturel dont ils doivent jouir en qualité d’hommes. Il est certain que tout ce que chacun aliene, par le pacte social, de ses facultés naturelles, de ses biens, de sa liberté, c’est seulement la partie de tout cela dont la possession importe A la société.

Ainsi tous les services qu’un citoyen peut rendre à l’Etat, il les lui doit, et le souverain de son côté ne peut charger les sujets d’aucune chaine inutile à la communauté; car sous la loi de raison rien ne se fait sans cause, non plus que sous la loi de nature. Mais il ne faut pas confondre ce qui est convenable avec ce qui est nécessaire, le simple devoir avec le droit étroit, et ce qu’on peut exiger de nous avec ce que nous devons faire volontairement.

Les engagements qui nous lient au corps social ne sont obligatoires que parce qu’ils sont mutuels, et leur nature est telle qu’on ne

(1) Le mot respectifs a été surajouté dans le manuscrit.

(a) R. De l'économie politique. La premiere et la plus importante maxime du gouvernement légitime ou populaire, c’est-A-dire de celui qui a pour objet le bien du peuple, est donc, comme je l’ai dit, de suivre en tout la volonté générale, mais pour la suivre il faut la connaitre et surtout la bien distinguer de la volonté particuliere en commencant par soi-meme. Voir aussi Contrat social, liv. II, chap. iv.

(b) Tout ce chapitre a passé dans le Contrat social, liv. II, chap. tv.