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Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/359

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zga DU CONTRAT SOCIAL. C H A P IT R E VI nes ntvzns sYs·ri=:M¤s nr: LEGISLATION (a) [Si l’on recherche en quoi consiste précisément ce plus grand bien de tous qui doit étre la base de tout systeme de legislation, on — trouvera qu’il se réduit at ces deux objets principaux, la liberté et l’éga- lité .· la liberté, parce que toute dépendance particuliére est autant de force otée au corps de l’Etat; l’égalité, parce que la liberté ne peut subsister sans elle. J ’ai déja dit ce que c’est que la liberté civile; at l’égard de 1’égalité il ne faut pas entendre par ce mot que les degrés de puissance et de richessc soient exactement les mémes,mais que, quant a la puissance, elle soit au·dessous de toute violence et ne s’exerce jamais qu’en vertu du rang et des lois, et, quant A la richesse, que nul citoyen ne soit assez opulent pour en pouvoir acheter un autre, et nul assez pauvre pour étre contraint de se vendre : ce qui supp0se,du coté des grands, modération de biens et de crédit, et du coté des petits, modération . d’avarice et de convoitise. * Cette égalité, disent-ils, est une chi- mere de spéculation, qui ne peut exister dans la pratique. Mais quoi! parce que l’efl`et est inévitable, s’ensuit-il qu’il ne faille pas au moins le régler? C’est parce que la force des choses tend toujours a détruire l’égalité, c’est pour cela méme que la force de la législation doit tou- jours tendre a la maintenir * (b). Mais ces objets généraux de toute bonne institution doivcnt étre modiiiés dans chaque pays par les rapports qui naissent tant de la si- tuation locale que du caractére des habitants, et c’est par ces rapports qu’il faut assigner a chaque peuple un systéme particulier de législa- tion qui soit le meilleur, non peut-étre en lui-méme, mais pour l’Etat auquel il est destiné. Par exemple, le sol en est·il ingrat et stérile, ou le pays trop serré pour les habitants? tournez-vous du coté de 1’industrie et des arts, dont vous échangerez les productions contre les denrées qui vous manquent. Au contraire, occupez-vous de riches plaines et des coteaux? Dans un bon terrain manquez-vous d’habi- tants? Donnez tous vos soins a l’agriculture, et chassez les arts de peur qu’ils n’achevent de dépeupler le pays en attroupant sur quelques points du territoire le peu d’habitants qu’il a : car on sait que, toute proportion gardée, les villes peuplent moins que la campagne. Occu- pez-vous des rivages étendus et commodes? couvrez les mers de vais- seaux, cultivez le commerce et la navigation. La mer ne baigne-t-elle sur vos cotes que des rochers presque inaccessibles,·restez barbares ' (a) Le morceau entre crochet: a passé dans le Contra! social, liv. II, chap. xr. (b) Le passage entre croix est en note dans le mnnuscrit au bas du recto du feuil- let 70.