Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/360

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APPENDICE I. 293 et ichtyophages; vous en vivrez plus tranquilles, meilleurs peut—étre, et surement plus heureux. En un mot, outre les maximes communes A tous, chaque peuple renferme quelque cause qui les ordonne d’une maniére particuliére et. rend sa législation propre A lui seul. C’est ainsi qu’autrefois les Hébreux et récemment les Arabes ont eu pour principal objetla religion; les Athéniens, les lettres; Carthage et Tyr, le commerce; Rhodes, la marine; Sparte, Ia guerre, et Rome la vertu· L’Auteur de l’Esprit des Lois a montré dans une foule d’exemples par quel art le législateur dirige Pinstitution sur chacun de ses objets. Ce qui rend la constitution d’un Etat véritablement. solide et du- rable, c’est quand les convenances sont tellement observées que les rapports naturels et les lois tombent toujours de concert sur les memes points, et que celles-ci ne font, pour ainsi dire, qu’assurer, accompagner, rectifier les autres. Mais si le législateur, se trompant dans son objet, prend un principe différent de celui qui nait de la nature des choses; que l’un tende A Ia servitude et l’autre A la liberté; l’un aux richesses, l’autre A la population; l’un A la paix et l’autre aux conquétes, on verra les lois s’aiTaiblir insensiblement, la consti- tution s’altérer, et l’Etat ne cessera d’étre agité jusqu’A ce qu’il soit détruit ou changé, et que l’invincible nature ait repris son empire (1).] LIV RE I I I DES LOIS POLITIQUES OU DE L’1NSTITUTION DU GOUVERNEMENT (a) [Avant de parler des diverses formes de gouvernement, il sera - bon de déterminer le sens précis qu’il faut donner A ce mot dans une société légitime (2). - C H A P IT R E I cm QUE C,ES’I‘ QUE t.1=: couvzausuzwr n’uN 1=E·rA·r° J’avertis les lecteurs que ce chapitre demande quelque attention, et que je ne sais pas l’art d’étre clair pour qui ne veut pas étre attentif. Toute action libre a deux causes qui concourent A la produire : l’une morale, savoir la volonté qui détermine l’acte; l’autre physique, (1) On lit dans le manuscrit au verso du feuillet 69 les lignes suivantes : Mais il ne faut pas croire qu'on puisse établir partout des cites. Je ne voir dam toute l'Europe plus de peuple en itat de supporter Phonorable fardeau de la liberté, ils ne savent plus soulever que des chaines, le fardeau de la liberté n’est pas fait pour de faibles épaules. (2) Cité réguliére. la) Le morceau entre crochets a passe dans le Contrat social, liv. III, chap. t.