Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/376

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’empare en pays ennemi de tout ce qui appartient au public, mais il respecte la personne et les biens des particuliers, il respecte les droits sur lesquels est fondé son propre pouvoir. La fin de la guerre est la destruction de l’État ennemi ; on a droit d’en tuer les défenseurs tant qu’ils ont les armes à la main, mais sitôt qu’ils les posent et se rendent, ils cessent d’être ennemis ou plutôt instruments de l’ennemi, et l’on n’a plus droit sur leur vie. On peut tuer l’État sans tuer un seul de ses membres. Or la guerre ne donne aucun droit qui ne soit nécessaire à sa fin.

Les signes moraux sont incertains, difficiles à soumettre au calcul : la sûreté, la tranquillité, la liberté même.

Plusieurs peuples au milieu des guerres et des dissensions intestines ne laissent pas de multiplier extrêmement. Dans d’autres gouvernements au contraire, la paix même est dévorante et consume les citoyens[1].

  1. (a) Ces fragments se trouvent au verso du premier feuillet manuscrit. (Voir Contrat social, liv. III, ch. viii-ix.)