Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/39

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Contrat social, mais que son travail, quoique fort avancé, n’était pas encore en état de paraître.

Or l’examen du sommaire, publié dans l’Émile, nous montre qu’il n’y est pas question des matières contenues dans le dernier livre du Contrat, du moins de la partie principale qui concerne le Droit public de Rome, et la Religion civile. D’autre part, on y fait la comparaison des sociétés, les unes fortes et les autres faibles, s’attaquant et s’entre-détruisant, et qui gardent dans leurs rapports l’indépendance de la nature ; ce qui donne lieu à se demander, dit l’auteur, si les individus soumis aux lois ne restent pas exposés à la fois aux maux de l’état de société et à ceux de l’état de nature, sans en avoir les avantages, et s’il ne vaudrait pas mieux qu’il n’y eût point de société civile au monde que d’y en avoir plusieurs. D’où l’utilité d’établir des associations fédératives qui pussent étendre leur action commune sans nuire au droit de la souveraineté de chaque État.

Enfin, il y aura lieu, est-il dit dans ce même sommaire, de poser les véritables principes de la guerre et de montrer pourquoi Grotius et les autres n’en ont donné que de faux. L’auteur de l’Émile rappelle ici que l’abbé de Saint-Pierre avait proposé un projet d’union de tous les États de l’Europe pour maintenir entre eux une paix perpétuelle ; et une note, ajoutée sans doute au moment où il corrigeait les épreuves de ce passage, est ainsi conque : « Depuis que j’écrivais ceci, les raisons pour ont été exposées dans l’extrait de ce projet ; les raisons contre, du moins celles qui m’ont paru solides, se trouveront dans le recueil de mes écrits à la suite de ce même extrait. » Ne pourrait-on pas inférer de ces diverses citations une série d’hypothèses assez vraisemblables ? 1o Que d’abord Rousseau avait conçu l’idée de développer dans le Contrat social le système fédératif et qu’il y a renoncé ensuite, mais qu’il faut chercher dans la Paix perpétuelle une partie de ses idées sur cette importante question ; 2o Qu’il se proposait également de donner plus d’étendue à la théorie du droit de guerre, mais qu’il s’est réduit au chapitre qui lui est consacré dans le Contrat social, où il se contente de prouver la nécessité d’une convention pour constituer l’état social ; 3o Que le morceau qui avait pour titre « Que l’état de guerre naît de l’état social », et que nous publions à l’Ap-