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Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/40

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pendice avec d’autres fragments relatifs au même sujet, copiés par nous sur deux manuscrits de Rousseau, a la bibliothèque de Neuchâtel, devait peut-être originairement, dans la pensée de Rousseau, trouver place dans le Contrat social, mais qu’il se rattache certainement au plan primitif des Institutions politiques à plus juste titre que bien des morceaux publiés par M. Streckeisen-Moultou. Enfin il nous parait très probable que les chapitres sur les comices, sur la censure, sur le tribunat, en un mot, sur le système législatif de Rome, en même temps que le chapitre sur la religion civile, ont occupé principalement Rousseau au moment de la refonte du Contrat, dans les années 1759-1761. Cette religion civile, c’est, d’ailleurs en fait, la profession de foi du Vicaire savoyard, incorporée au pacte social.

Ce qui nous "confirme dans notre opinion, c’est une lettre adressée (le 26 mars 1761) à Dutens, à qui il venait de vendre sa bibliothèque, et où il lui mande « qu’il y a encore quelques livres qui reviennent à la masse, entre autres l’excellente Histoire florentine de Machiavel, son Discours sur Tite-Live et le Traité de Legibus romanis de Sigonius ». Or il se trouve, comme on le verra dans notre commentaire, que c’est précisément à Machiavel et à Sigonius, jurisconsulte et historien très célèbre du XVIe siècle siécle, que Rousseau a emprunté quelques-uns des principaux aperçus qu’il a développés dans le dernier livre du Contrat social.

Il ne faut donc pas s’étonner qu’une même association d’idées ait réuni ces deux écrivains dans l’esprit de Rousseau[1].

En somme, et sans vouloir rien affirmer, nous croyons pouvoir résumer ainsi cette longue discussion et formuler les conclusions les plus vraisemblables qui s’en dégagent :

  1. Rousseau écrit à Rey, le 18 mars 1762 : « Je persiste au retranchement de la note que j’avais mise à la fin et de celle que j’avais ensuite substituée, mais je serais bien aise d’avoir les épreuves où étaient les deux notes qui pourront trouver leur place autre part. » Cette lettre prouve bien que les passages sur la Religion civile ne se trouvant pas dans le brouillon primitif du Contrat, ils y ont été ajoutés après coup, comme du reste le chapitre tout entier auquel ils se rattachent. Rousseau, qui ne laissait rien perdre, a utilisé plus tard ces notes dans les éditions sans cartons du Contrat et dans la Lettre à M. de Beaumont.