Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/410

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APPENDICE III. 337 prévoir d‘avance, rien ne nous obligeant, nous républicains, A étre instruits exactement des maximes du gouvernement royal, mais rien ne nous dispensant aussi de nous y conformer dans le ressort de l’Etat, sitot qu’elles nous sont notifiées. Mais il ne s’ensuit‘pas de lA que vous deviez 6ter mon nom d’un livre que ie m’honore d’avoir fait, qui ne contient rien que de tres convenable aux sentiments d’un honnéte homme et d’un bon citoyen, rien que je veuille désavouer, rien que je ne sois prét A soutenir devant tel tribunal compétent que ce puisse étre. Je sais, quant A ma personne, A ma conduite, A mes discours, l’obéissance et le respect que ie dois au gouvernement et aux lois du pays dans lequel je vis, et ie serais bien faché qu’A cet égard aucun Francais fut mieux dans son devoir que j’y suis. Mais quant A mes principes de doctrine, A moi républicain, publiés dans une république, il n’y a en France ni magistrat, ni tribunal, ni parlement, ni ministre, ni le Roy lui—méme qui soit méme en droit de m’interroger1A-dessus et de m’en demander aucun compte. Si l’on trouve mon livre mauvais pour le pays, on peut en défendre l’entrée; si on trouve que j’ai tort, on peut me réfuter, ` voilA tout. Que votre amitié ne vous inspire donc aucune alarme pour ma personnel On connait et on respecte trop ici le droit des gens pour le violer d’une maniere odieuse envers un pauvre malade dont le paisible séjour en France n’est peut·étre pas moins honorable au gouvernement qu’A lui. Au surplus, en quel lieu du monde est-on a couvert de l’injustice des hommes? Mon unique soin a toujours été et sera toujours de faire en sorte que personne au monde ne puisse me faire du mal justement Le reste passe mes forces et ie ne m’en inquiete pas. Je demeurerai donc. Un livre ou l’on n’examine les gouvernements que par leurs prin- cipes et par les conséquences nécessaires de ces principes ne peut avoir nul trait A aucun gouvernement particulier qui ne soit appli- cable A tous les autres gouvernements de cette espéce, et rien de ce que j’ai dit des gouvernements monarchiques ne peut étre vrai en France qu’il ne soit vrai de méme en toute autre monarchie. Je n’ai donc ni passé ni pu passer les bornes d’une discussion purement philosophique et politique, et ce serait avoir d’étranges idées que de prétendre nous 6ter A nous autres républicains le droit d’examiner et discuter les fondements et les défauts du gouvernement monarchique en général, tandis que les écrivains royaux remplissent tous les jours leurs livres de tant d’indécences et de bétises contre le gouvernement républicain. Les Etats républicains étant aussi souverains que les Rois, on ne doit pas moins de respect aux uns qu’aux autres. Rede- mandez donc vos balles, et on vous les renverra surement. · Vous savez avec quelles restrictions et conditions j’ai toujours traité avec vous par rapport A la France; cependant je ne refuserai az I