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Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/412

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APPENDICE III. 33g n’avoir nul reproche a me faire, je ne m’étais tranquillisé par ma grande maxime. Je ne doutais pas méme que M. de Choiseul, déia tres disposé pour moi et sensible a l’éloge que mon estime pour lui m’en avait fait faire dans cet ouvrage, ne me soutint en cette occasion contre la malveillance de M¤=¤° de Pompadour. J ’avais assurément lieu de compter alors, autant que jamais, sur les bontés de M. de Luxem- bourg et sur son appui dans le besoin... r.1·:·r·r¤us: AU uanours nz M1nAam».U(Trye, 26 juillet 1767). ...Il me semble que l’évidence ne peut jamais étre dans les lois naturelles et politiques qu’en les considérant par abstraction. Dans un gouvernement particulier, que tant d’éléments divers composent, cette évidence disparait nécessairement. Car la science du gouvernement n’est qu’une science de combinaisons, d’applications et d’exceptions, selon les temps, les lieux, les circonstances. J amais le public ne péut voir avec évidence les_rapports et le ieu de tout cela... Mais supposons toute cette théorie des lois naturelles touiours par- faitement évidente, méme dans ses applications, et d’une clarté qui se proportionne a tous les yeux, comment des philosophes qui connais- sent le genre humain peuvent·ils donner a cette évidence tant d`autorité sur les actions des hommes? Comme s’ils ignoraient que chacun se conduit tres rarement par ses lumieres et tres fréquemment par ses passions... » Voici dans mes vieilles idées le grand probleme en politique que je compare a celui de la quadrature du cercle en géométrie et e celui des longitudes en astronomie : Trouver une forme de g0uverne· ment qui mette la loi au-dessus de l’homme. ` Si cette forme est trouvable, cherchons-la et tachons de l’établir. Vous prétendez, monsieur, trouver cette loi dominante dans l’évi- dence des autres. Vous prouvez trop, car cette évidence a du étre dans tous les gouvernements ou ne sera jamais dans aucun. Si malheureusement cette forme n’est pas trouvable, et j’avoue ingé- nument que jecrois qu’elle ne l’est pas, mon avis est qu’il faut passer a l’autre extrémité et mettre tout d’un coup l’homme autant au-dessus de laloi qu’il peut 1’étre et par consequent établirle despotisme arbi- traire et le plus arbitraire qu’il est possible; je voudrais que le despote put étre Dieu. En un mot, je ne vois point de milieu supportable entre la plus austere démocratie et le Hobbisme le plus parfait, car le conflit des hommes et des lois qui met dans l’Etat une guerre intestine conti- nuelle est le pire de tous les états politiques. Mais les Caligula, les Néron, les Tibere... Mon Dieu, je me roule par terre et je gémis d’étre homme. Je n’ai pas entendu ce que vous avez dit des lois dans votre livre et ce qu’en dit l’auteur nouveau dans le sien. Je trouve qu’il traite I