Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/42

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publications de M. Streckeisen-Moultou. Ces documents seront très utiles pour l’édition générale et raisonnée des œuvres de Rousseau qui se fait encore attendre, bien qu’il ne manque pas, à Genève en particulier, d’érudits capables de la mener à bonne fin. D’autre part, le manuscrit du Contrat social, une fois entré dans le domaine public, a réveillé les études sur Rousseau et sur ses principes politiques ; les parties de ce manuscrit qui diffèrent du texte imprimé du Contrat ont appelé l’attention sur certaines idées de Rousseau contenues dans d’autres écrits de cet écrivain, mais qui n’y avaient pas été assez remarquées. Même on en a pris texte pour formuler certaines théories, à notre avis des plus fantaisistes, sur l’origine de ces idées ; on est remonté aux sources de la Constitution de Genève, et on a voulu voir dans quelques termes habilement rapprochés d’un article des franchises anciennement accordées a la cité par l’évêque Adhemar Fabri le point de départ du Contrat social ; comme si tout le système de Rousseau sur la souveraineté n’était pas en germe dans les ouvrages d’une foule de jurisconsultes qui ont écrit sur le droit naturel, et que Rousseau avait étudiés à fond très longtemps avant d’avoir été initié aux mystérieuses origines de la Constitution de Genève. Les Genevois, gens subtils, se plaisent parfois à ces ergoteries ; ils ont assez d’autres mérites pour qu‘on puisse leur passer ce léger travers.

Ce n’est pas à dire que Rousseau, en écrivant sur la politique, n’ait pas toujours eu sa patrie sous les yeux et n’ait voulu corriger les abus qui s’étaient glissés dans son gouvernement ; on voit bien le contraire, notamment à l’importance qu’il attache aux assemblées périodiques, en vue de conserver intact le principe de la souveraineté populaire.

Pour nous, en dehors des questions de composition et de style, ce qui nous parait le plus intéressant dans le manuscrit de Genève ce sont les tâtonnements que l’auteur y trahit dans le choix du titre de son ouvrage.

Plusieurs intitulés sont successivement écrits puis effacés en tête de ce manuscrit. Le premier adopté est Contrat social, il est ensuite rayé et remplacé par celui de la Société civile ; puis le terme de Contrat social est rétabli, avec un sous-titre qui subit à son tour plusieurs modifications ; l’auteur hésite entre : Essai