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Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/453

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380 DU CONTRAT SOCIAL. la liberté, et votre puissance augmentera tous les jours; ne passez jamais vos droits, et bientot ils seront sans bornes. Que la patrie se montre donc la mere commune des citoyens; que les avantages dont ils iouissent dans leur pays le leur rendent cher; que le gouvernement leur laisse assez de part a Padministra- tion publique pour sentir qu’ils sont chez eux, et que les lois ne a soient a leurs yeux que les garants de la commune liberté. Ces droits, _ tout beaux qu’ils sont, appartiennent a tous les hommes; mais, sans paraitre les attaquer directement, la mauvaise volonté des chefs en réduit aisément l’efl”et a rien. La loi dont on abuse sert a la fois au puissant d’arme offensive et de bouclier contre le faible; et le pré- texte du bien public est toujours le plus dangereux fléau du peuple. r Ce qu’il y a de plus nécessaire et peut-étre de plus difficile dans le gouvernement, c’est une intégrité sévére a rendre justice a tous, et surtout a protéger le pauvre contre la tyrannie du riche. Le plus grand mal est déja fait, quand on a des pauvres a défendre et des riches a contenir. C’est sur la médiocrité seule que s’exerce toute la force des lois; elles sont également impuissantes contre les trésors du riche et contre la misére du pauvre; le premier les élude, le sc- cond leur échappe; l’un brise la toile, et l’autre passe au travers...