Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/79

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Mais il est clair que ce prétendu droit de tuer les vaincus ne résulte en aucune maniere de l’état de guerre. Par cela seul que les hommes, vivant dans leur primitive indépendance, n'ont point entre eux de rapport assez constant pour constituer ni l’état de paix ni l’état de guerre, ils ne sont point naturellement ennemis (1). C’est le rapport des choses et non des hommes qui constitue la guerre ; et l’état

dire d’un esclave : a On les appela serfs, dit-il, parce que les généraux d‘armées les vendaient, et par la leur conservaient la vie. »

Purxunoar, Des devoirs de I’homme et du citoyen, traduit par Barbeyrac, 6° édition, I748, liv. ll, chap. 1. — On acquiert, en cela, et pour employer l’expression commune, l’on s’empare de la souveraineté par voie de conquéte, lorsque ayant un juste suiet de faire la guerre 21 un peuple on le réduit, par la supériorité de ses armes, a la nécessité de se soumettre désormais in notre empire. Cette conquéte légitime est fondée sur ce que le vainqueur qui aurait pu, s‘il eilt voulu, user sl. la rigueur du droit de la guerre,en otant la vie aux vaincus,leur permet de la racheter en consentant in la perte de leur liberté, comme au moindre de leurs maux inévitables, par ou il exerce d’ailleurs un acte louable de clémence; mais encore on peut dire que les vaincus s‘étant engagés it la guerre avec lui aprés l’avoir oifensé et lui avoir refusé la iuste satisfaction qu’ils lui devaient, ils se sont exposés par la au sort des armes et ont tacitement consenti par avance h toutes les conditions que le vainqueur leur imposerait.

Locxa, Gouvernement civil, chap. v1. De la Société politique ou civile. — Il y a une autre sorte de serviteurs que nous appelons d’un nom particulier : esclaves, et qui ayant été faits prisonniers dans une juste guerre sont, par le droit de la nature, sujets in la domination absolue et au pouvoir arbitraire de leur maitre. Ces gens-la ayant mérité de perdre la vie,b. laquelle ils n’ont plus de droit par conséquent, non plus aussi qu’a leur liberté ni a leurs biens, et se trouvant dans l‘état d’escIavage qui est incompatible avec la iouissance d’aucun bien propre, ils ne sauraient étre considérés en cet état comme membres de la societé civile dont la tin principale est de conserver et maintenir les biens propres.

(1) Hobbes, De Cive (Trad. Sorbiére, préface). — Les anciens révéraient la puissance souveraine comme une divinité visible, soit qu‘elle fiat renfermée en un seul homme ou qu’elle fut recueillie en une assemblée. Et ils n’avaient garde de se joindre comme ils font aujourd’hui aux ambitieux ou a ces désespérés auxquels ils prétent la main pour renverser d’un commun effort l‘état de leur patrie...

Si quelqu’un montre par de trés fortes raisons qu’il n‘y a aucunes doctrines recevables et authentiques touchant le juste et l’injuste, le bien et le mal, outre les lois qui sont établies en chaque république, qu’il n’appartient a personne de s‘enquérir si une action sera bonne ou mauvaise, hormis à ceux auxquels l’Etat a commis l'interprétation de ses ordonnances; certainement celui qui prendra cette peine, non seulement il montrera le cbemin de la paix, mais il fera voir aussi les détours et les routes obscures de la