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CHAPITRE X.

De l’abus du Gouvernement, & de sa pente à dégénérer.


Comme la volonté particuliere agit sans cesse contre la volonté générale, ainsi le Gouvernement fait un effort continuel contre la Souveraineté. Plus cet effort augmente, plus la constitution s’altere, & comme il n’y a point ici d’autre volonté de corps qui résistant à celle du Prince fasse équilibre avec elle, il doit arriver tôt ou tard que le Prince opprime enfin le Souverain & rompe le traité Social. C’est-là le vice inhérent & inévitable qui dès la naissance du corps politique tend sans relàche à le détruire, de même que la vieillesse & la mort détruisent enfin le corps de l’homme.