qu’il déplia, puis se tournant vers les deux jeunes gens :
— Messieurs, fit-il, je crois que vous vous êtes très-liés pendant votre séjour à Québec avec deux jeunes gens d’un brillant avenir, MM. Hertel de Chambly et Jared de Verchères ?
— Oui, mon commandant, répondit Daniel.
— J’ai la douleur de vous apprendre, reprit M. de Bienville, que vos deux amis ont été tués dans une campagne contre la Nouvelle-Angleterre.
— Est-ce possible ? exclamèrent d’une seule voix les deux jeunes gens.
— Après tout, mes amis, n’est-ce pas le sort qui nous attend presque tous, nous, gens de guerre ? Ceux qui partent les premiers sont peut-être les plus heureux !… Vos deux amis sont morts en braves !
— Puis-je vous demander si cette nouvelle est bien certaine ? fit Daniel. Quand nous les avons quittés à Québec, il y a six mois, rien n’annonçait…
— C’est M. de Vaudreuil lui-même qui me l’écrit. Il me donne en même temps tous les détails de l’expédition et si je ne craignais de vous ennuyer…
— Mon commandant, pouvez-vous supposer…
— Eh bien ! puisque vous ne craignez pas trop d’entendre lire la prose de Vaudreuil, je vais vous communiquer la partie de sa lettre où il me raconte l’expédition :