Page:Rousseau - La Sagesse de Jean-Jacques, 1878, éd. Roget.djvu/19

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— En méditant sur la nature de l’homme, j’y crus découvrir deux principes distincts, dont l’un s’élevait à l’étude des vérités éternelles, à l’amour de la justice et du beau moral, aux régions du monde intellectuel, dont la contemplation fait les délices du sage et dont l’autre le ramenait bassement en lui-même, l’asservissait à l’empire des sens, aux passions qui sont leurs ministres, et contrariait par elles tout ce que lui imposait de grand et de noble le sentiment du premier de ces principes. En me sentant entraîné, combattu par ces deux mouvements contraires, je me disais : « Non, l’homme n’est point un ; je veux et ne veux pas ; je me sens à la fois esclave et libre ; je vois le bien, je l’aime et je fais le mal ; je suis actif quand j’écoute la raison, passif quand mes passions m’entraînent ; et mon pire tourment, quand je succombe, est de sentir que j’ai pu résister.

(Idem.)

— Le plus grand de nos besoins, le seul auquel nous pouvons pourvoir, est celui de sentir nos besoins, et le premier pas pour sortir de notre misère est de la connaître. Soyons humbles pour être sages ; voyons notre faiblesse et nous serons forts.

(N. Héloïse.)