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— Si la vie d’un ménage bourgeois vous dégoûte, et si l’opinion vous subjugue, guérissez-vous de la soif du bonheur qui vous tourmente, car vous ne l’étancherez jamais.

(L. à Mme B., 1770.)

— Mon ami, ne disputez jamais, car on n’éclaire par la dispute ni soi, ni les autres.

— Les plaisirs exclusifs sont la mort du plaisir. Les vrais amusements sont ceux qu’on partage avec le peuple ; ceux qu’on veut avoir à soi seul, on ne les a plus.

— Le goût du jeu, fruit de l’avarice et de l’ennui, ne prend que dans un esprit et dans un cœur vides.

— Nul père ne peut transmettre à son fils le droit d’être inutile à ses semblables.

— C’est une folie que de vouloir étudier le monde en simple spectateur. Celui qui ne prétend qu’observer n’observe rien, parce qu’étant inutile dans les affaires et importun dans les plaisirs, il n’est admis nulle part. On ne voit agir les autres qu’autant qu’on agit soi-même.

— Quelle est la première leçon de la sagesse ? L’humilité. L’humilité dont le chrétien parle et que l’homme connaît si peu, est le premier sentiment qui doit naître en nous de l’étude de nous-mêmes.