Page:Rousseau - La Sagesse de Jean-Jacques, 1878, éd. Roget.djvu/30

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— Un auteur qui écrit d’après son cœur est sujet, en se passionnant, à des fougues qui l’entraînent au-delà du but et à des écarts où ne tombent jamais ces écrivains subtils et méthodiques qui, sans s’animer sur rien au monde, ne disent jamais que ce qu’il leur est avantageux de dire et qu’ils savent tourner sans se commettre pour produire l’effet qui convient à leur intérêt.

— Jusques ici, j’ai vu beaucoup de masques ; quand verrai-je des visages d’hommes ?

— Il ne faut point chercher à s’éloigner de soi, parce que cela n’est pas possible et que tout nous y ramène, malgré que nous en ayons. Soyez sûre que vous ne serez contente des autres que quand vous n’aurez plus besoin d’eux, et que la société ne peut vous devenir agréable, qu’en cessant de vous être nécessaire.

(L. à Mlle de M.)

— Je ne suis pas convaincu qu’il suffise pour être heureux de bien remplir les devoirs de son emploi. Sûrement Turenne, en brûlant le Palatinat, par l’ordre de Louis XIV, ne jouissait pas du vrai bonheur.

— Tel riche pense être ruiné quand il ne lui reste que le bien dont il a besoin. Une preuve que les malheurs sont souvent imaginaires, c’est que la même condition qui fait le désespoir de