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est l’influence, que d’elle naissent non-seulement les vertus et les vices, mais les biens et les maux de la vie humaine, et que c’est principalement la manière dont on s’y livre qui rend les hommes bons ou méchants, heureux ou malheureux ici-bas.

— L’amour de soi-même est toujours bon et toujours conforme à l’ordre.

— Le premier sentiment d’un enfant est de s’aimer lui-même ; et le second qui dérive du premier est d’aimer ceux qui l’approchent.

— L’amour de soi, qui ne regarde qu’à nous, est content quand nos vrais besoins sont satisfaits : mais l’amour-propre, qui se compare, n’est jamais content et ne saurait l’être, parce que ce sentiment, en nous préférant aux autres, exige aussi que les autres nous préfèrent à eux ; ce qui est impossible. Voici comment les passions douces et affectueuses naissent de l’amour de soi, et comment les passions haineuses et irascibles naissent de l’amour propre. Ainsi ce qui rend l’homme essentiellement bon, est d’avoir peu de besoins, et de peu se comparer aux autres ; ce qui le rend essentiellement méchant, est d’avoir beaucoup de besoins et de tenir beau, coup à l’opinion. (Emile.)

— Si la voix du sang n’est fortifiée par l’habi-