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tude et les soins, elle s’éteint dans les premières années et le cœur meurt pour ainsi dire, avant que de naître. Nous voilà dès les premiers pas hors de la nature.

On ne sort pas moins de la nature par une route opposée, lorsqu’au lieu de négliger les soins de mère, une femme les porte à l’excès ; lorsqu’elle fait de son enfant une idole ; qu’elle augmente et nourrit sa faiblesse pour l’empêcher de la sentir, et qu’espérant le soustraire aux lois de sa nature, elle écarte de lui des atteintes pénibles, sans songer combien, pour quelques incommodités dont elle le préserve un moment, elle accumule au loin d’accidents et de périls sur sa tête et combien c’est une précaution barbare de prolonger la faiblesse de l’enfance sous les fatigues des hommes faits.

(Emile.)

— Maintenez l’enfant dans la seule dépendance des choses, vous aurez suivi l’ordre de la nature dans le progrès de son éducation. N’offrez jamais à ses volontés indiscrètes que des obstacles physiques ou des punitions qui naissent des actions même et qu’il se rappelle dans l’occasion ; pour lui défendre de mal faire, il suffit de l’en empêcher.

— Le chef-d’œuvre d’une bonne éducation est