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donna ordre de reconduire Dorothée jusqu’à sa demeure, et il remonta dans un état impossible à décrire sur la terrasse où il retrouva M. de Vaudreuil seul, accoudé sur l’affût d’un canon.

— Eh bien, mon galant, que vous voulait cette messagère d’une bonne nouvelle ?

— Monseigneur, fit Louis Gravel, je sollicite de votre bonté un moment d’audience à l’instant même, dans un endroit autre que celui-ci, où nulle oreille indiscrète ne pourrait surprendre les paroles que je vais avoir l’honneur de vous dire.

M. de Vaudreuil, en attendant la voix émue, du jeune homme, le regarda avec étonnement.

— Suivez-moi dans mon cabinet, mon enfant, dit-il.

Ils se dirigèrent vers le haut de la terrasse, traversèrent la grande salle du conseil, le salon, de réception et parvinrent à un petit, cabinet où le gouverneur se retirait quand il avait besoin de solitude et où il recevait ses intimes.

Ayant fait, signe à notre héros ; de prendre un siège, il s’assit lui-même, et examina le jeune homme. Il fut frappé de l’altération de ses traits.

— Quel malheur vous arrive-t-il donc, mon cher enfant ? dit-il avec bonté.