Page:Rousseau - Le château de Beaumanoir, 1886.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 7 —

coûtent quatre fois plus qu’ils ne valent, mais on pousse l’audace et le cynisme de la rapine jusqu’à faire payer au roi ceux qu’ils donnent au munitionnaire Cadet.

— C’est impossible ; le gouverneur, M. de Vaudreuil, est trop honorable pour qu’on tente de lui faire prendre quelque part à pareilles malversations…

— M. de Vaudreuil est un honnête homme, sans doute, mais c’est aussi un gouverneur d’une faiblesse extrême et qui transgresse à ses devoirs en ne faisant pas punir les coupables comme ils le méritent. Son seul soin est d’organiser des détachements de Canadiens et de sauvages pour surveiller les mouvements des Anglais, pour nous assurer le secours des nations sauvages par des présents.

— Ah ! si je pouvais, moi, l’approcher pendant une heure seulement, comme je lui dirais son fait, à notre gouverneur…

— Rien de plus facile, Maître Crespin, fit la voix fraîche et jeune d’un nouvel interlocuteur qui arrivait en ce moment, vous n’avez qu’à enfourcher à mon retour, après-demain — car je vais plus bas qu’ici — votre bonne vieille jument blanche et à me faire la conduite jusqu’à Québec. Je vous promets une audience, car personne n’est plus abordable que M. de Vaudreuil.