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Tandis que la colonie est près de succomber sous le poids du malheur et de l’abandon, tandis que partout règne la disette, Bigot, Cadet, Péan, Varin, et un grand nombre d’autres, s’enrichissent en volant les secours du roi et pressurent le peuple. Bigot est assez habile pour ne pas procéder à ciel découvert, mais il se sert de sa position pour couvrir les malversations de la compagnie dont votre père est l’associé, et il se fait ensuite la part du lion.

— Mon Dieu ! Et on laisse faire ?…

— Tant qu’on ne pourra pas se procurer des preuves certaines. Mais on y arrive, et soyez assurée que les coupables seront punis.

Vous voyez donc qu’il me faut faire connaître les relations de votre père avec Bigot.

— Oh ! soyez certain que mon père est étranger à ces malversations.

— C’est précisément parce que je n’ai aucun doute à cet égard que je sollicite votre confiance. Pendant qu’il n’est pas trop compromis, sortons-le de ce mauvais pas. Qui sait ? s’il ne sera pas trop tard dans quelques jours ; car des mesures très-sévères vont être prises immédiatement.

— Questionnez-moi, mon ami, et quoique ce secret ne soit pas le mien, je vais vous répondre.