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Page:Rousseau - Le château de Beaumanoir, 1886.djvu/166

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— Oui, monsieur, vous l’êtes. Tous les autres ne sont que vos créatures, des marionnettes, des pantins dont vous tenez les fils.

Vous vous êtes donc dit, continua M. de Vaudreuil, que la bombe un jour viendrait à éclater et que les éclats de l’obus pourraient bien vous éclabousser au passage, si vous ne songiez à y pourvoir d’avance. Dans la prévision même où vous ne pourriez vous éviter un procès, vous avez calculé que, le cas échéant, le seul moyen de vous sauver, ce serait de vous assurer de grandes influences. Vous avez alors pensé à M. Boucault de Godefroy, nature honnête, mais faible et crédule. Vous saviez qu’il avait de grandes relations en France, que son crédit à la cour n’était pas à dédaigner. Devenir son gendre fut votre objectif, et pour arriver à votre but, il fallait vous en faire une créature en le compromettant, et c’est ce que vous avez fait.

— Je connaissais depuis longtemps que Monseigneur possède un jugement remarquable, fit Bigot avec ironie, mais je ne lui savais pas une aussi brillante imagination !

M. de Vaudreuil ne parut pas s’occuper du sarcasme et continua :

— Ainsi vous niez ?

— Croyez-vous que je serais assez sot pour