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du-corps Tatassou, tous deux nous n’avons fait qu’un temps de galop depuis la ville. Et me Voilà !

— Tatassou ? Est-ce ta monture que tu nommes ainsi ? fit le notaire.

— En effet, vous ne savez pas, ni vous mon père. Eh ! bien, l’été dernier, comme vous le savez, le général Montcalm était à Carillon avec l’armée. M. de Bourlamaque avait été envoyé à la tête du portage avec les régiments de la Reine, de Guyenne et de Béarn. M. de Bourlamaque détacha ma compagnie, sous les ordres de M. de Trépézée, et quelques sauvages hurons, pour observer l’ennemi de la montagne Pelée et s’opposer au débarquement des troupes.

— Malheureusement l’ennemi était trop considérable et à la première attaque, ayant tenté de rallier Montcalm, nous nous égarâmes et au moment où nous nous y attendions le moins, nous tombions au milieu des Anglais. J’étais à m’escrimer de mon mieux, à la lisière du bois, quand j’aperçus à mes côtés un jeune chef huron dont un grand escogriffe d’iroquois se disposait à enlever la chevelure. Au moment même j’avais la main assez heureuse pour enfoncer mon épée dans la gorge d’un anglais qui me serrait de trop près, si heureuse même que l’épée y resta, ce qui me permit de me servir