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françaises fondirent sur l’ennemi avec impétuosité ; mais leurs rangs, mal formés, se rompaient bientôt, soit par la rapidité de la marche, soit par l’inégalité du terrain, tandis que les Anglais en bon ordre, essuyaient les premières décharges. Ils tirèrent ensuite avec beaucoup de vivacité, et le mouvement qu’un détachement de leur centre, d’environ deux cents hommes, fit en avant la baïonnette au bout du fusil, suffit pour mettre en fuite presque toute l’armée française.

Cependant la déroute ne fut totale que parmi les troupes réglées, c’est-à-dire les Français. Accoutumés à reculer à la façon sauvage pour retourner ensuite à l’ennemi, avec plus de confiance, les Canadiens se rallièrent en quelques endroits, et, à la faveur des petits bois dont ils étaient environnés, forcèrent différents corps à plier ; mais enfin, il fallut céder à la grande supériorité du nombre. Les sauvages ne prirent guère part à l’action, car ils n’aimaient pas à combattre à découvert.

Blessé au poignet au commencement de la bataille, Wolfe s’était contenté de l’envelopper, et continuait à commander les troupes dans un endroit des plus périlleux lorsqu’il reçut dans la poitrine une balle qui le renversa. Ayant entendu crier à ses côtés : « Ils fuient ! » — « Qui fuient ? » demanda-t-il. « Les Français ! » répondit-on. « Alors je meurs content ! » ajouta-t-il.