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Page:Rousseau - Le château de Beaumanoir, 1886.djvu/249

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Bougain ville qui avait avec lui l’élite de l’armée et qui n’était qu’à une petite distance de la ville. En combinant ses mouvements avec ceux de ce colonel, il lui était aisé de mettre l’ennemi entre deux feux. Le sort de Québec dépendait du succès de la bataille ; il devait réunir toutes ses forces et ne point laisser dans l’inaction les quinze cents hommes de Montréal. Par la même raison, l’armée n’étant qu’à deux cents toises des glacis, il devait tirer de la ville les piquets qui étaient de service ; il y eût trouvé un secours de près de huit cents hommes. Il pouvait aussi en faire venir de l’artillerie. Au lieu de perdre l’avantage du poste où il se trouvait, il fallait attendre l’ennemi et profiter de la nature de terrain pour placer par pelotons dans les bouquets de bois les Canadiens, qui, arrangés de la sorte, surpassent par l’adresse avec laquelle ils tirent, toutes les troupes de l’univers. S’étant déterminé à attaquer, il aurait dû changer ses dispositions. Il ne songea pas à former une réserve.

Cependant, séparées par une petite colline, les deux armées se canonnaient depuis environ une heure, avec quelques petites pièces de campagne ; l’éminence sur laquelle était rangée l’armée française dominait, dans quelques points, celle qu’occupaient les Anglais. Composées en grande partie de Canadiens, les troupes