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mais ces traîtres sont connus d’une personne qu’il est impossible de produire en ce moment. Mais chaque chose viendra en son temps, et en attendant, que ces traîtres sachent bien que l’heure du châtiment n’est pas éloignée.

— Monsieur, fit le gouverneur, je vous somme de nommer ces traîtres, si vous les connaisse, et c’est à moi qu’il appartient d’en faire justice.

— Monseigneur, je suis obligé de me taire pour le moment, car ce secret n’est pas le mien. La personne qui a surpris la trahison se réserve le droit de vous la faire connaître en temps nécessaire. Mais je vous jure que ces traîtres ne sont plus à craindre, parce que chacun de leurs pas, chacune de leurs démarches, sont surveillés.

— Monsieur, c’est manquer au respect que vous devez au roi que de refuser à son représentant de lui faire connaître un secret d’où dépend le salut de la colonie.

— Monseigneur, pas plus que moi, mais autant sans doute, M. Gravel respecte l’autorité du roi, la vôtre, dit Claude d’Ivernay en intervenant, et cependant je vous engage ma parole d’honneur que s’il se tait, c’est qu’il ne peut parler, qu’il ne le peut… aujourd’hui. Comme lui, monseigneur, je sais qu’il existe des traîtres parmi nous, et cependant comme lui, je serai forcé de me taire, si vous me commandez de parler.