Page:Rousseau - Le château de Beaumanoir, 1886.djvu/265

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événements qui sont arrivés, on condamne facilement. Je les ai suivis de près, n’ayant jamais été éloigné de M. de Vaudreuil de plus d’une lieue ; je ne puis m’empêcher de dire qu’on a un tort infini de lui attribuer nos malheurs. Quoique cette matière ne soit pas de mon ressort, je me flatte que vous ne désapprouverez pas un témoignage que la seule vérité me fait rendre.

« Québec, ajoutait-il, a été bombardé et canonné pendant l’espace de deux mois ; cent quatre-vingts maisons ont été incendiées par des pots-à-feu ; toutes les autres criblées par le canon et les bombes. Les murs, de six pieds d’épaisseur, n’ont pas résisté ; les voûtes, dans lesquelles les particuliers avaient mis leurs effets, ont été brûlées, écrasées et pillées, pendant et après le siège. L’église cathédrale a été entièrement consumée. Dans le séminaire, il ne reste de logeable que la cuisine où se retire le curé de Québec avec son vicaire. Cette communauté a souffert des pertes encore plus grandes en dehors de la ville, où l’ennemi lui a brûlé quatre fermes et trois moulins considérables qui faisaient presque tout son revenu. L’église de la basse-ville est entièrement détruite, celles des Récollets, des Jésuites et du séminaire sont hors d’état de servir sans de très grosses réparations. Il n’y a que celle des Ursulines, où l’on peut faire l’office avec quel-