Page:Rousseau - Le château de Beaumanoir, 1886.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 79 —

— Malheureuse ! elle, ma fille ! s’écria M. de Godefroy en pressant Claire sur son cœur dans un mouvement convulsif.

— À propos, je venais vous dire, continua Dorothée, que M. Bigot demande M. de Godefroy au salon.

— Comment, déjà ? Pourquoi devance-t-il l’heure qu’il m’a lui-même fixée ? Mais que dire ? ajouta-t-il troublé.

— Mon père, reprit Claire, croyez-vous que M. Bigot soit un excellent homme ?

— Nul doute, pion enfant.

— Eh ! bien alors, laissez-moi le voir, lui répondre moi-même Je lui dirai franchement que je ne l’aime pas. S’il a des sentiments nobles, élevés, il comprendra qu’il doit se retirer sans éclat, et ma démarche ne lui semblera pas suspecte, car il est des circonstances où il est permis de sortir des règles ordinaires.

Quant à vous, mon père, esquivez-vous, et je dirai que vous êtes sorti, s’il insiste pour vous voir.

Et sans attendre la réponse de M. de Godefroy, la jeune fille sortit de l’appartement et se dirigea vers le salon.