Page:Rousseau - Les exploits d'Iberville, 1888.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
121
Les Exploits d’Iberville

— Dites la Providence, mon ami…

— Vous avez raison, monsieur le marquis, la Providence, c’est sûr et certain…

— L’aimez-vous bien, cet enfant ?

— Oh ! oui, monsieur le marquis, comme la prunelle de mon œil.

— Il est même venu à ma connaissance que vous l’aimez d’une drôle de manière et que vos caresses sont un peu… brutales.

— Est-ce que ma femme se serait plaint ? reprit mon père avec un éclair de colère dans les yeux.

— Non, pas précisément, répondit le marquis, elle vous a même défendu.

— C’était son devoir de dire la vérité.

— Venons au but, dit tout-à-coup le marquis, après un silence de quelques instants. Consentiriez-vous à vous séparer de cet enfant ?

— Dame ! si c’était pour son bien.

— Si un gentilhomme riche, seul sur la terre, se chargeait d’élever cet enfant ; s’il vous offrait de l’adopter pour son fils et de lui transmettre son nom et sa fortune ?

— Ça serait bien beau, monsieur le marquis, si on me l’offrait… mais on ne me l’offre pas.

— Vous vous trompez.

— Comment ! monsieur le marquis ?…

— Oui, moi.