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Les Exploits d’Iberville

— Ma femme m’avait conté la chose, mais je n’avais pas voulu la croire.

— Ainsi donc, c’est convenu ?

« Mon père se gratta l’oreille, ce qui était chez lui le signe d’une forte préoccupation, puis il reprit :

— D’abord, monsieur le marquis, je l’aime, notre mioche…

— Voici un bon moyen de le lui prouver.

— Oui, sans doute, mais je suis vieux, pauvre, qui le remplacera pour les services qu’il est déjà capable de rendre à la maison, qui m’accompagnera dans mes courses ?

— J’ai bien l’intention de vous dédommager largement de la perte que vous occasionnera son absence.

— Et vous voudriez l’avoir, notre mioche ?…

— À l’instant même.

— Pour toujours ?

— Oui, pour toujours.

— Au moins pourrons-nous le voir quelquefois ?

— Tant que vous voudrez, tous les jours même, si le cœur vous en dit.

— Monsieur le marquis a dit qu’il nous dédommagerait de la grande peine que son absence va causer à sa mère et à moi ?

— Largement. Je vous assure par contrat une rente viagère de douze livres par an réversible sur la tête du dernier survivant.