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Les Exploits d’Iberville

tenir la charrue. Je crains que les fils de ces familles ne se livrent aux Anglais qui n’épargnent rien, ajoutait-il, pour s’attirer nos coureurs de bois et du côté du nord, et du côté de la Nouvelle-Angleterre. Je conseillerais de n’accorder des lettres de noblesse qu’aux riches ; car de faire de ce pays un noble pour n’être bon ni au commerce, ni à aucune autre chose, c’est augmenter le nombre des fainéants. »

Malgré ces bons avis dénotant un esprit judicieux et un raisonnement sûr, M. de Denonville laissa la colonie dans un état déplorable. C’est qu’il ne suffit pas pour faire un bon administrateur de proposer des plans possibles ; mais il s’agit surtout de les mettre en action et de se montrer essentiellement un homme d’action, sage et juste.

Tel ne fut pas M. de Denonville.

C’est ainsi qu’à peine remis des fatigues d’une orageuse traversée, il débuta, dans une campagne contre les Iroquois, par un acte qui déshonora le nom français chez les sauvages et mit en danger les jours du P. de Lamberville. À la demande de celui-ci les cinq cantons avaient envoyé des chefs en qualité d’ambassadeurs à Cataracoui. Le gouverneur les fit saisir et transporter en France chargés de fers.

Cet acte fut hautement désapprouvé dans la colonie et désavoué par le roi. On trembla pour les jours de P. de Lamberville, instrument innocent de cette violation du droit des gens. Les anciens d’Onnontagué