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Les Exploits d’Iberville

À part quelques hurlements plaintifs de chiens de garde, il n’y eut bientôt plus aucun bruit tant dans la ferme que dans tout le village. Chaque habitant prenait un repos légitimement gagné.

Et cependant, tandis que la brave population s’endormait confiante, sur elle planaient les ombres de la mort.

Nous avons dit la fureur des Iroquois à la nouvelle de l’enlèvement de leurs chefs et de l’invasion du canton des Tsonnontouans. Ils apprirent bientôt que l’Angleterre venait de déclarer la guerre à la France, ce qui les remplit d’une joie profonde ; car ils ne seraient plus ainsi empêchés par les gouverneurs anglais de tirer vengeance de l’insulte faite à leur nation.

Les députés des Tsonnontouans, des Goyogouins, des Onnontagués et des Onneyoutes s’étaient rendus à Albany, pour y consulter les marchands hollandais, et le 27 juin, ils renouvelèrent avec eux leur alliance.

À la suite de cette assemblée, les préparatifs de guerre se firent dans les cantons ; les guerriers s’assemblèrent sans bruit et descendirent le St-Laurent.

Le pays jouissait depuis quelques mois d’une tranquilité profonde que des bruits sourds d’invasion ne purent troubler. L’on s’étonna bien parfois de ce calme ; mais la lassitude générale empêchait de croire au danger. Informé positivement que le Canada allait