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Les Exploits d’Iberville

Le Profond cependant s’approchait majestueusement de la jetée. À bord la joie n’était pas moins grande.

Tout l’équipage était en liesse. Encore une fois, allait-on s’en donner dans le grand genre ! L’argent ne tenait pas au fond des poches, tous les doigts brûlaient de le jeter à tort et à travers en ripailles, en bal et en cadeaux. La course durait depuis près de deux années, ne fallait-il pas un dédommagement à ces braves ! Aussi comme ils le rêvaient complet et fastueux !

Quelques-uns, à bord, donnaient le ton et parmi ceux-là se faisait remarquer le vieux maître Cacatoès, toujours à cheval sur le beaupré dans les circonstances solennelles. Oh ! comme le bonnet gouverne dans les bonnes eaux, cette fois ! Comme la joue droite est bien enflée par l’énorme chique qui y a élu domicile depuis le matin !

D’Iberville est sur son banc de quart, entouré de ses officiers, à l’exception d’Urbain qui est assis près d’Yvonne et de son père sur la dunette !

Bientôt les amarres sont lancées et commence le débarquement. Ce sont d’abord les officiers de l’état-major et les passagers qui traversent la passerelle allant du navire au quai, aux acclamations de la multitude. Un moment après, c’est un groupe de matelots anglais qui paraît à son tour, la tête basse et la contenance humiliée.