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Les Exploits d’Iberville

Nous laisserons-nous égorger comme des gazelles craintives sans essayer de nous venger ? Notre loi ne dit-elle pas œil pour œil, dent pour dent ? Les mânes de nos frères égorgés crient contre nous, les laisserons-nous sans vengeance et sans sépulture ? J’ai dit !

— La vengeance est permise ! répliqua le vieux chef.

— Bon ! mon père a parlé comme un homme sage ! reprit Tête d’Aigle, qu’en pensent mes frères ?

— Le Soleil ne peut mentir, tout ce qu’il dit est bien ! répondirent les chefs ainsi interpellés.

— Ouach ! reprit Tête d’Aigle, sur l’autre rive de ce lac reposent dans la sécurité nos ennemis. Nos guerriers sont vaillants et prêts à marcher sous mes ordres.

— Les mânes de nos guerriers massacrés par les blancs demandent la sépulture, je le répète ; mes frères les laisseront-elles gémir en vain longtemps encore ? Levons la hache de guerre ; entonnons le chant du combat ; allons promener dans leurs villages le fer et le feu, et dans bien des lunes la terreur de nos ennemis dira le courage et la vaillance de nos guerriers. J’ai dit !

Quelques instants après, une activité fébrile régnait par tout le camp. Il était alors neuf heures du soir. Les guerriers iroquois, au nombre de quatorze cents, montèrent dans leurs canots et se dirigèrent en si-