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Les Exploits d’Iberville

ICI, ON DONNE À BOIRE ET À MANGER.

La mère Cartahut était fort aimée des matelots pour lesquels elle tenait lieu souvent de providence.

Triviale dans son langage, commune dans ses gestes, mais franche, loyale, bonne, dévouée, généreuse, la mère Cartahut était redoutée des méchantes langues, adorée des pauvres gens et estimée de tous ceux qui la connaissaient.

Au moment où nous pénétrons dans son logis, une animation des plus vives règne dans la salle. Une dizaine de matelots sont attablés devant de nombreux brocs d’un petit vin bleu fort prisé des habitués de l’établissement.

Un feu clair brille dans l’âtre de la cheminée, le tournebroche est en mouvement, trois belles volailles et un quartier de mouton rôtissent à l’envi, enfilés dans une longue broche,

Un chaudron, suspendu à la crémaillère, laisse échapper une vapeur odoriférante attestant la présence d’un met savoureux en bonne voie de cuisson.

Trois casseroles sont posées sur le fourneau ardemment chauffé.

Les dignes matelots — dont le plug âgé ne dépasse guère la cinquantaine — font bombance.

— Allons, vieux ! allons, Kernouët, criaient les marins à l’un de leurs camarades debout sur la table