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Les Exploits d’Iberville

C’était une maison d’assez modeste apparence, dont la partie du mur comprise entre le pavé de la rue et le soubassement des fenêtres resplendissait d’une teinte d’un rouge vif, et la partie supérieure disparaissait sous une couche de jaune d’ocre dont l’artiste décorateur s’était montré peu économe.

Les fenêtres entrouvertes étaient garnies de rideaux rouges montant à moitié du vitrage, et l’on pouvait apercevoir à l’intérieur une salle de belle dimension, propre et bien entretenue, dans laquelle se dressait une longue table bien grattée, bien lavée et flanquée d’une double rangée de bancs reluisants attestant un loyal et actif service.

Une haute cheminée, bâtie au centre de la muraille de gauche, était garnie de poèlons, de chaudrons, de crémaillères enfumés et d’un gigantesque tourne-broche que devait mettre en mouvement quelque pauvre quadrupède appartenant à la race canine. À la suite de cette cheminée, on voyait un fourneau construit en briques, au-dessus duquel resplendissait, accroché au mur, une batterie de cuisine au grand complet.

Une double inscription, placée sur la muraille extérieure, attirait les regards des passants. Au-dessus de la porte, on lisait en lettres bleues sur le fond jaune d’ocre :

JEANNE CARTAHUT, AUBERGISTE.

Puis, au-dessus des deux fenêtres de la salle, on voyait également tracé en gros caractères :