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Les Exploits d’Iberville

n’ai jamais pu comprendre pourquoi il avait voulu se mêler aux terriens pour cette campagne.

« Nous apprenions ces succès, et d’autres encore chez les sauvages, qui vengeaient bien le massacre des nôtres à Lachine et ailleurs, et nous mourrions d’ennui de ne pouvoir nous crocher avec l’anglais.

« Second maître à bord du Poli, je me disais tous les soirs en prenant mon quart : « Mais allons-nous crever ici, tandis que les frères se battent là-bas ? »

« Enfin, un jour, le quart du matin venait d’être piqué, quand nous apercevons un vaisseau qui double la pointe de l’Île d’Orléans et qui vient mouiller tout près de nous dans la rade.

« C’était La Charente qu’amenait le capitaine d’Iberville.

« Allons ! ça va changer d’amures ! que je me dis.

« En effet, le lendemain, il vint prendre le commandement du Poli, avec cent canadiens, tandis que son frère, M. de Sérigny, passait sur La Charente.

« Il avait l’air tout joyeux, le commandant d’Iberville, quand il donna l’ordre d’appareiller.

— « Eh bien ! vieux marsouin ! qu’il me dit en passant près de moi, on va donc se brosser encore une fois avec les Anglais, histoire de s’amuser…

« J’étais si fier, de la politesse du capitaine et de la bonne nouvelle qu’il m’annonçait, que j’en avalai ma chique.