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Il y a des sympathies et des antipathies naturelles que nous éprouvons tous[1]. On voit une personne, et sans savoir quelles sont les qualités de son esprit et de son cœur, on se sent porté d’inclination pour elle, ou l’on sent une répugnance à se lier avec elle. Il serait fort difficile de se rendre raison à soi-même de cet attrait ou de cet éloignement.

Mais rien ne doit nous empêcher d’observer du moins, à l’égard de ceux que nous ne nous sentons pas disposés

  1. Il est de certains nœuds dont le secret pouvoir
    Attache un cœur à l’autre avant que de se voir.
    Il est des nœuds secrets, il est des sympathies,
    Dont, par le doux rapport, les âmes assorties,
    S’attachent l’une à l’autre et se laissent piquer
    Par ces je ne sais quoi qu’on ne peut expliquer.

    P. Corneille, Rodogune.