Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/101

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les mêmes propositions, ce qui prévint mal à propos Caton contre la littérature des Grecs. M.  Gautier devrait bien nous dire quel était le pays et le métier de ce Carnéade.

Sans doute que Carnéade est le seul philosophe ou le seul savant qui se soit piqué de soutenir le pour et le contre ; autrement tout ce que dit ici M.  Gautier ne signifierait rien du tout. Je m’en rapporte sur ce point à son érudition.

Si la réfutation n’est pas abondante en bons raisonnements, en revanche elle l’est fort en belles déclamations. L’auteur substitue partout les ornements de l’art à la solidité des preuves qu’il promettait en commençant ; et c’est en prodiguant la pompe oratoire dans une réfutation qu’il me reproche à moi de l’avoir employée dans un discours académique.

« À quoi tendent donc, dit M.  Gautier, les éloquentes déclamations de M.  Rousseau ? » À abolir, s’il était possible, les vaines déclamations des collèges. « Qui ne serait pas indigné de l’entendre assurer que nous avons les apparences de toutes les vertus sans en avoir aucune ? » J’avoue qu’il y a un peu de flatterie à dire que nous en avons les apparences ; mais M.  Gautier aurait dû mieux que personne me pardonner celle-là. « Eh ! pourquoi n’a-t-on plus de vertu ? c’est qu’on cultive les belles-lettres, les sciences et les arts. » Pour cela, précisément. « Si l’on était impoli, rustique, ignorant, Goth, Huns, ou Vandale, on serait digne des éloges de M.  Rousseau. » Pourquoi non ?