Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/102

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Y a-t-il quelqu’un de ces noms-là qui donne l’exclusion à la vertu ? « Ne se lassera-t-on point d’invectiver les hommes ? » ne se lasseront-ils point d’être méchants ? « Croira-t-on toujours les rendre plus vertueux en leur disant qu’ils n’ont point de vertu ? » Croira-t-on les rendre meilleurs en leur persuadant qu’ils sont assez bons ? « Sous prétexte d’épurer les mœurs, est-il permis d’en renverser les appuis ? » Sous prétexte d’éclairer les esprits, faudra-t-il pervertir les âmes ? « Ô doux nœuds de la société, charme des vrais philosophes, aimables vertus, c’est par vos propres attraits que vous régnez dans les cœurs : vous ne devez votre empire ni à l’âpreté stoïque, ni à des clameurs barbares, ni aux conseils d’une orgueilleuse rusticité. »

Je remarquerai d’abord une chose assez plaisante ; c’est que, de toutes les sectes des anciens philosophes que j’ai attaquées comme inutiles à la vertu, les stoïciens sont les seuls que M. Gautier m’abandonne, et qu’il semble même vouloir mettre de mon côté. Il a raison : je n’en serai guère plus fier.

Mais voyons un peu si je pourrais rendre exactement en d’autres termes le sens de cette exclamation : « Ô aimables vertus, c’est par vos propres attraits que vous régnez dans les âmes. Vous n’avez pas besoin de tout ce grand appareil d’ignorance et de rusticité : vous savez aller au cœur par des routes plus simples et plus naturelles. Il suffit de savoir la rhétorique, la logique, la physique,