Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/115

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actions que nous le sommes déjà par nos besoins ? Ce n’est que par le secours de la réflexion et de l’étude, que nous pouvons parvenir à régler l’usage des choses sensibles qui sont à notre portée, à corriger les erreurs de nos sens, à soumettre le corps à l’empire de l’esprit, à conduire l’âme, cette substance spirituelle et immortelle, à la connaissance de ses devoirs et de sa fin.

Comme c’est principalement par leurs effets sur les mœurs que l’auteur s’attache à décrier les sciences, pour les venger d’une si fausse imputation, je n’aurais qu’à rapporter ici les avantages que leur doit la société : mais qui pourrait détailler les biens sans nombre qu’elles y apportent, et les agréments infinis qu’elles y répandent ? Plus elles sont cultivées dans un état, plus l’état est florissant, tout y languirait sans elles.

Que ne leur doit pas l’artisan pour tout ce qui contribue à la beauté, à la solidité, à la proportion, à la perfection de ses ouvrages ? le laboureur, pour les différentes façons de forcer la terre à payer à ses travaux les tributs qu’il en attend ? le médecin, pour découvrir la nature des maladies et la propriété des remèdes ? le jurisconsulte, pour discerner l’esprit des lois, et la diversité des devoirs ? le juge, pour démêler les artifices de la cupidité d’avec la simplicité de l’innocence, et décider avec équité des biens et de la vie des hommes ? Tout citoyen, de quelque profession, de quelque condition qu’il soit, a des devoirs à remplir ; et comment les remplir sans les connaître ? Sans la connaissance de l’his-