Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/131

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adversaire avoue, de son côté, que les sciences deviennent nuisibles quand on en abuse, et que plusieurs en abusent en effet. En cela nous ne disons pas, je crois, des choses fort différentes : j’ajoute, il est vrai, qu’on en abuse beaucoup, et qu’on en abuse toujours ; et il ne me semble pas que dans la réponse on ait soutenu le contraire.

Je peux donc assurer que nos principes, et, par conséquent, toutes les propositions qu’on en peut déduire, n’ont rien d’opposé ; et c’est ce que j’avais à prouver : cependant, quand nous venons à conclure, nos deux conclusions se trouvent contraires. La mienne était que, puisque les sciences font plus de mal aux mœurs que de bien à la société, il eût été à désirer que les hommes s’y fussent livrés avec moins d’ardeur : celle de mon adversaire est que, quoique les sciences fassent beaucoup de mal, il ne faut pas laisser de les cultiver à cause du bien qu’elles font. Je m’en rapporte, non au public, mais au petit nombre des vrais philosophes, sur celle qu’il faut préférer de ces deux conclusions.

Il me reste de légères observations à faire sur quelques endroits de cette réponse, qui m’ont paru manquer un peu de la justesse que j’admire volontiers dans les autres, et qui ont pu contribuer par là à l’erreur de la conséquence que l’auteur en tire.

L’ouvrage commence par quelques personnalités que je ne relèverai qu’autant qu’elles feront à la question. L’auteur m’honore de plusieurs éloges ; et c’est assurément m’ouvrir une belle carrière. Mais il y a trop peu de proportion entre ces choses :